Arborescences créatives
cahier spécial – septembre 2013
> Éditorial :
L’écosystème numérique du RAN
Il y a six ans, nous étions une quinzaine d’acteurs à partager le constat que la création numérique souffrait d’une forme de cloisonnement dans les pratiques et d’un certain éclatement des initiatives. Convaincus que cet art de/en réseau ne pouvait faire l’économie de la mise en relation, nous avons commencé par interroger de manière transversale nos pratiques de programmateurs, chercheurs, critiques ou formateurs. Comment favoriser les rencontres entre artistes et scientifiques, participer à l’évolution et à l’adaptation des équipements des lieux ; faire en sorte que de jeunes artistes puissent être formés conjointement en arts et sciences ? Ou encore garder une trace du processus de création de ces oeuvres guettées par l’obsolescence ?
Au fil des échanges, un groupe de réflexion s’est constitué et la nécessité de penser un outil efficace de coopération et de veille sur le plan international a rapidement émergé. Le faisceau des questionnements individuels a convergé vers une volonté commune et un engagement collectif. Le Réseau Arts Numériques (RAN) était né. Ont suivi six années d’expertises partagées, de convergences et de divergences sur la manière de mutualiser les ressources et les équipements, la coproduction et la diffusion des oeuvres, la mobilité des artistes ou encore la communication.
Aujourd’hui, le RAN repose toujours sur une dynamique volontaire de personnes, un groupement d’intérêts individuels animés par un état d’esprit collaboratif. Ce réseau a la particularité de réunir des hommes et des femmes qui portent des projets de dimensions, de natures et de cultures très diverses. Privées ou publiques, institutionnelles ou alternatives, expérimentées ou naissantes, tous les types et échelles de structures s’y côtoient sur un pied d’égalité. L’occasion à chaque rencontre de faire/refaire mieux connaissance et de partager nos problématiques de lieux, d’écoles, de festivals, de médias ou d’entreprises. Au rythme des projets et des combinaisons entre ses membres, le RAN se remodèle à l’image d’un maillage élastique et d’une cartographie des arts numériques à géométrie variable.
Après un certain nombre de projets partagés : workshops, coproductions, commissions artistiques, projets éditoriaux ou colloques, nous avons choisi de poser un regard, rétrospectif et prospectif sur ces expériences. Ce cahier spécial revient notamment sur deux oeuvres, labellisées par le RAN et emblématiques de sa diversité. Tropique d’Étienne Rey relève de l’installation immersive s’appuyant sur un dispositif technologique innovant alors que C2M1 de Magali Desbazeille et Siegfried Canto s’apparente à une performance médias low tech. L’une repose sur une expérience sensorielle, s’appuyant sur une recherche en neurosciences et l’autre sur une expérience réflexive basée sur une recherche en sociologie du langage. Avec légèreté, sérieux ou malice, Tropique et C2M1 explorent les nouveaux modes de perception et les nouvelles manières d’écrire et de parler qui s’offrent à nous, des perspectives essentielles pour envisager le développement de nos humanités futures.
Anne-Cécile Worms – Directrice de la rédaction de MCD
Dominique Roland – Directeur du Centre des Arts d’Enghien-les-Bains
structure coordinatrice du RAN
> Remerciements :
Nous remercions tous les contributeurs : membres du RAN, artistes associés et l’équipe du Centre des arts qui ont collaboré à cette publication. Enfin, nous adressons un remerciement spécial à l’équipe de Musiques et Cultures Digitales, structure à la fois membre et partenaire du RAN, sans l’engagement de qui ce cahier spécial n’aurait pu voir le jour. Une nouvelle manifestation de l’état d’esprit contributif de ce réseau.