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    Michelle Son

    (Johannesburg, Afrique du Sud)

    Michelle Son met en scène l’univers quotidien des interfaces numériques, non sans humour, car selon elle la technologie est tout aussi séduisante que vicieuse. C’est grâce à cette distance que l’artiste préserve sa curiosité, cherchant à trouver des façons de « traverser » les nouvelles technologies au lieu de les éviter, afin de développer un langage personnel dans la forme et le sens au sein d’un monde façonné par le progrès technologique.

    To Whom It May Concern (À qui de droit). Michelle Son. Installation interactive. Médias mixtes. 2010. Photo: © Michelle Son.

    Michelle Son est née à Johannesburg en 1982, où elle vit et travaille. Après des études en design et graphisme, puis en technologie, à la Péninsule du Cap, et un master en Médias Interactifs numériques à l’Université du Witwatersrand et au Sandberg Instituut à Amsterdam en 2012, elle s’est intéressée à l’univers des outils et des interfaces numériques, dont elle explore la nature imposée.

    En étudiant les outils numériques, tels que les logiciels propriétaires, dont Michelle Son se reconnaît elle-même être une esclave cybernétique, celle-ci remarque que l’usage courant de ces outils contribue à former une esthétique standardisée issue de stéréotypes visuels uniformisés. À partir de là, ses recherches et son travail se déclinent autour des implications de la nature imposée des interfaces sur les attitudes des utilisateurs.

    Dans son travail de recherche, Antagonisme du modèle esthétique : les outils de la conscience, Michelle étudie la manière dont l’utilisation généralisée des outils, qu’ils soient algorithmiques ou cognitifs, pourrait présenter des alternatives à l’expression individuelle et aux modes de communication. De ce travail est née l’œuvre To Whom It May Concern (À qui de droit, 2010), présentée comme une métaphore de l’expérience « à sens unique » de l’utilisateur, imitant les relations entre le programmeur et l’utilisateur à l’intérieur d’un bureau. Les spectateurs étaient immergés dans un espace de travail hyperréaliste, qui les invitait à réfléchir sur leur propre rapport à la technologie.

    To Whom It May Concern (À qui de droit). Michelle Son. Installation interactive. Médias mixtes. 2010. Photo: © Michelle Son.

     En exprimant mon scepticisme quant au numérique, j’ai pu faire face à mes sensations de malaise vis-à-vis de l’interface utilisateur grâce à une expérience sensorielle humoristique (bien qu’agaçante), dont le but était d’inciter les spectateurs, contrairement à leur approche habituelle, à remettre en question leur perception de la réalité en regardant de plus près la banalité des attitudes dans l’existence quotidienne.

     La satisfaction que j’ai trouvée dans l’observation et la critique des normes sociales à travers l’humanisation de ces relations invisibles, m’a encouragée à poursuivre ces explorations. Étant obligée de travailler en dehors de mon domaine de compétences, j’ai collaboré avec un ingénieur et un programmeur et c’est grâce à cette expérience que j’ai pu concevoir l’importance du partage de connaissances et de compétences entre les différents domaines.

    Pour son master, l’artiste désire aller vers une compréhension plus profonde de l’esthétique par l’évaluation de la perception sensorielle humaine, c’est-à-dire des effets décisifs que les stimuli sensoriels (réels ou simulés) produisent sur la conscience et les émotions humaines. Terry Eagleton, théoricien et critique de littérature, affirme que l’esthétique est un discours originel du corps. C’est une forme de cognition s’opérant à travers le goût, le toucher, l’ouïe, la vue et l’odorat – l’ensemble des sens du corps humain.

    publié dans MCD #71, « Digitale Afrique », juin / août 2013

    > www.michelleson.co.za

    To Whom It May Concern (À qui de droit). Michelle Son. Une main mécanique pressait la barre d’espace pour compter le nombre de visiteurs présents dans la pièce. 2010. Photo: © Michelle Son.

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