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    Les Transnumériques

    festival électro-corsaire

    Dissémination et contamination sont les mamelles des arts numériques, déclare joyeusement Philippe Franck, directeur de Transcultures qui organise Les Transnumériques. Son ambition est de créer un archipel de brûlots créatifs, un festival corsaire au service d’une logique à long terme.

    Plateforme à géométrie variable réunissant des opérateurs culturels, des laboratoires universitaires, des associations et des institutions, Les Transnumériques sont le résultat multi local (et multimodal) d’une volonté de collaboration transfrontalière et de faire du lien entre les collectifs, les espaces artistiques, les villes, les artistes et les publics autour des arts numériques. L’union fait la force, sourit Philippe Franck en allusion à la devise de son pays fracturé, la Belgique. Mais derrière la boutade, sa volonté est bien là, dans le réticulaire, la coopération et le long terme.

    Pour lui, Les Transnumériques, nées en 2005, se doivent de représenter ce qui correspond aux pratiques du futur immédiat, d’intégrer les facettes de ces réalités mutantes aux programmations. Il était urgent d’apporter une scène naturelle aux arts numériques, de proposer des contextes différents selon les spécificités et les éclairages, ce qu’un point fixe ne peut faire, estime-t-il. Allant des racines des arts numériques, à la multiplication actuelle des angles de vue tout en prenant bien garde d’éviter les lieux communs, ce festival, formateur et médiateur dans l’esprit et dans l’acte de la programmation, réconcilie institutionnel et underground. Le projet est ambitieux.

    Une édition 2008 multi délocalisée
    Cette troisième édition du festival a lieu depuis le 25 septembre jusqu’au 13 décembre, en France et en Belgique (Paris, Bruxelles, Mons, Lille). Elle est articulée autour d’un ensemble de manifestations soit coproduites pour l’occasion, soit reprises dans la plateforme festivalière. De fait, Les Transnumériques 2008 proposent des éclairages différents selon les villes qu’elles habitent.

    En région parisienne, c’était le corps numérique, du 24 septembre au 3 octobre, au Centre Wallonie-Bruxelles, à la Maison des Arts de Créteil (installation audio-vidéo de Luc Ferrari, Cycle des souvenirs / Exploitation des concepts) et avec des relais partenariaux à la Maison des Métallos (carte blanche au festival Elektra), au Centre des Arts d’Enghien (expo Body>Sata>Space), au Théâtre de l’Agora à Evry (avec l’événement Circuit éclectique-Phénomènes) ainsi que d’autres lieux parisiens investis par le festival complice de musiques contemporaines et électroniques Spectrum XXI.

    À Mons, l’émergent et l’expérimental côtoient le festif. Les Transnumériques y réunissent, du 6 au 10 novembre, deux lieux récents le Frigo (espace polyvalent sur le site des Abattoirs) investis de plus en plus régulièrement par Transcultures, et le mixomedia (nouvelle galerie dédiée à la « culture underground ») mais aussi la médiathèque et le Théâtre Royal. La programmation mêle des présentations de nouveaux projets (« démo party »), de festivals et structures (avec un focus sur le Québec numérique, un des fils rouges de cette édition partenaire d’Elektra et de la SAT à Montréal avec laquelle d’autres échanges et résidences sont prévus) invités à des performances audio-visuelles, des sets live ou « smart DJs » et des installations numériques de jeunes artistes.

    À Bruxelles, ce sont les nouvelles formes d’écritures performatives qui sont convoquées. Avec La Bellone, du 1er au 5 décembre, des performances et projections de collectifs « indisciplinaires » (Le laboratoire mobile, METAmorphoZ, Rhizome…) et artistes énergiquement frondeurs (Antoine Defoort, Lucille Calmel…) qui interrogent sans complexe la question de l’écriture et de la scène à l’ère digitale avec là aussi une trans party (avec Club Claudine) colorée en guise d’épilogue hédoniste.

    Le 6 décembre, à  l’Institut Supérieur d’Etude du Langage Plastique, ce sont les images numériques qui sont à l’honneur  avec des conférences sur les mondes virtuels et une sélection du festival Elektra, des audio-vidéos de Régis Cotentin, Antonin de Bemels et Christophe Bailleau proposés par 68 Septante que l’on retrouve aussi couronné de sets AV au Palais des Beaux-Arts de Lille le 13 décembre pour une soirée Bruxelles-Montréal en final de cette troisième édition. Pour l’avenir, d’autres alliances devraient apporter de nouvelles ramifications nomades tant à la manifestation trans-festivalière qu’à la plate-forme dont elle est l’émanation bouillonnante…

    Philippe Baudelot
    MCD #49, nov-déc. 2008

    Site: http://transnumeriques.be/

    Dirigée par Philippe Franck, Transcultures est une association interdisciplinaire fondée à Bruxelles en 1996 et installée depuis 2008 sur le site des Abattoirs à Mons (Belgique) pour y développer un Centre des cultures électroniques et sonores. Transcultures s’attache plus spécialement à explorer les diverses relations art/société/nouvelles technologies à partir d’une vision transversale alliant étroitement les volets création/production/réflexion/médiation/diffusion. Transcultures pilote Les Transnumériques, ainsi que le festival des arts sonores City Sonics et publie également des CDs, DVDs, objets hybrides sur les enjeux interdisciplinaires contemporains, des arts numériques et sonores avec divers partenaires belges (Sub Rosa, La Lettre Volée…) et internationaux. Transcultures est également un membre actif du RAN, Réseau des Arts Numériques initié par le Centre des Arts d’Enghien-les-Bains. Infos: http://transcultures.be/

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